Drainage Lymphatique Bascharage

Les techniques kinésithérapiques utilisées dans le traitement des lymphœdèmes des membres évoluent. Il est possible désormais, en se basant sur les faits, de recommander une approche utilisant des techniques reconnues : le drainage manuel, les bandages de décongestion et la pressothérapie pneumatique.

L’observation de résultats variés a permis de reconsidérer l’application de certaines techniques et d’en améliorer la mise en œuvre. Celle-ci est toujours strictement personnalisée en fonction de l’aspect clinique du patient.

Le bon résultat du traitement est lié à l’association conjointe de ces techniques. Le lymphœdème étant une maladie chronique, et une fois traité, il nécessite le port de bas de contention, d’une kinésithérapie d’entretien, et une éducation thérapeutique, sous peine de perdre le bénéfice de la décongestion.

Le Lymphoedeme

Le lymphœdème est un excédent de liquide interstitiel dont l’origine est la déficience du système lymphatique. Classiquement, la distinction peut être faite entre les lymphœdèmes primaires et secondaires.

  • Les premiers affectent des patients chez lesquels le développement du système lymphatique ne permet pas de résorber et transporter jusqu’au réseau veineux la lymphe, alors que les conditions d’échanges microcirculatoires sont normales. Il existe un décalage entre la charge lymphatique théorique et la capacité de transport. Le système s’est insuffisamment développé en quantité et/ou qualité de fonction.
  • Dans le deuxième cas, le système lymphatique joue parfaitement son rôle de drainage, mais un incident identifié diminue ses capacités de transport préalablement normales (curage lymphatique, oblitération des voies, brûlure, choc violent).

Dans les deux cas, l’infiltration du tissu se réalise par exagération de la concentration de substances de haut poids moléculaires (SHPM) que le système lymphatique est le seul à résorber pour en permettre le retour dans la circulation sanguine. Leur pouvoir hydrophile capte de très nombreuses molécules d’eau qui sont à l’origine du gonflement du membre.

Par la suite, avec la chronicité, l’œdème initialement liquidien voit sa structure s’épaissir avec l’apparition de deux phases : l’une fibreuse et l’autre graisseuse. Les lymphœdèmes sont des affections chroniques définitives à tendance évolutive.

La décongestion d’un lymphœdème ne se limite pas à la seule déshydratation du secteur lymphœdémateux mais surtout au drainage des SHPM. Parallèlement aux modifications du tissu, le système lymphatique possède de très nombreuses modifications anatomiques et fonctionnelles qui doivent absolument être prises en considération pour actualiser sa prise en charge.

Traitement du Lymphoedeme

La diminution, initialement très rapide, se stabilise à un niveau minimal. Ce niveau minimal ne correspond que de façon très exceptionnelle au volume de membre controlatéral supposé normal. De cette observation, il découle trois recommandations :

  • Le traitement débute par un traitement intensif qui vise à réduire le volume. Il s’agit du traitement d’attaque ;
  • Le traitement d’attaque est relayé par un traitement d’entretien qui consiste à maintenir le gain obtenu. Il est réalisé par des séances de kinésithérapie et une autoprise en charge obtenue grâce à l’éducation thérapeutique du patient ;
  • Un autotraitement permet de sevrer le patient de la dépendance aux soignants. Lorsque le patient a acquis les compétences nécessaires aux autosoins il gère lui-même sa contention et s’administre un autodrainage manuel. Il doit pouvoir prendre contact avec un soignant s’il le désire soit pour une aide à distance si le problème est mineur, soit pour une consultation rapide si l’évolution clinique n’est pas conforme à ce qui est attendu.

Ce cycle en trois étapes peut être reproduit régulièrement pour les lymphœdèmes qui ne sont pas stabilisés. La troisième phase semble être déterminante pour le maintien des résultats.

L’observation des diminutions périmétriques, rapides dans le traitement d’attaque, conduit à réajuster les bandages après chaque séance. Pour éviter cette contrainte, il a été proposé l’application d’orthèses de tailles successivement plus petites. Dans le cadre des lymphœdèmes secondaires du membre supérieur, l’évaluation de cette approche a été évaluée. Elle permet effectivement une décongestion du membre mais elle est moindre que celle obtenue par l’utilisation des bandages. En conséquence, l’approche avec bandages est recommandée.

La durée du traitement d’attaque est bien évaluée. Elle doit s’effectuer de façon intensive, en soins mono, voire biquotidiens, 5 jours sur 7. C’est dans la première semaine que la majorité de la décongestion est déjà obtenue. Le plus souvent, la durée de cette cure n’est pas à poursuivre au-delà de 2 semaines. Cette approche le plus souvent ambulatoire peut faire l’objet d’une prise en charge hospitalière sous certaines conditions.

La consultation

En libéral,  la durée des séances de soins individuels est de l’ordre de 30 minutes. Les résultats de cette prise en charge en libéral a fait la preuve de son efficacité dans le cadre des lymphœdèmes secondaires après cancer du sein par une étude prospective ambulatoire multipraticien.

La prise en charge individuelle d’un patient lymphœdémateux doit s’intégrer dans cette période de temps.

Il s’agit pour le praticien d’y réaliser l’ensemble des techniques manuelles. La pertinence du choix de ces techniques découle du bilan kinésithérapique.

L’appréciation de la consistance du lymphœdème guide le choix des techniques (Drainage Lymphatique Manuel, Compression, Pressothérapie).

La rééducation d’une autre pathologie associée devrait pouvoir être simultanément prise en charge par addition lors de séances supplémentaires (raideur de l’épaule, douleurs, raideur de la cheville, troubles de la sensibilité, etc.).